Rester ami avec son ex ? 9 enseignements de la psychologie

On pense souvent que l’amitié avec un ex, c’est bon pour les films ou les séries. Dans la vraie vie, les choses seraient forcément claires : soit on tourne la page, soit on espère reconquérir son ex.

Pourtant, les relations humaines ne se résument pas à des cases noires ou blanches, malgré les réponses toutes faites de coachs en mal de “likes” que l’on croise sur les réseaux sociaux.

Il reste pourtant des questions qui reviennent sans cesse : Est-il normal de rester ami avec son ex ? Pourquoi certaines personnes tiennent-elles à maintenir le lien ? Est-ce vraiment sain ? Comment savoir si c’est une vraie amitié ?

D’un côté, vous vous dites que cette personne vous connaît mieux que quiconque, qu’elle pourrait être un excellent soutien. De l’autre, il y a ce passé commun, cette intimité qui pourrait brouiller votre amitié, surtout si une nouvelle relation entre en jeu.

Alors bien qu’il existe d’excellentes raisons de rester ami avec son ex, la psychologie nous offre des repères pour éclaircir ces zones grises.

Voici donc 9 enseignements pour mieux comprendre ce que signifie rester ami avec son ex.

1. L’ambiguïté dans la relation crée une dissonance cognitive

Peut-on vraiment passer du statut de partenaire amoureux à celui d’ami ? Le cerveau humain a besoin de repères clairs : il classe les relations dans des catégories distinctes : amoureux, ami, collègue, etc. Or, un ex ne rentre pas facilement dans une case, surtout dans les mois qui suivent une rupture amoureuse, particulièrement lorsque les émotions sont encore vives et que les repères sont flous.

Ce glissement vers l’amitié intervient souvent alors que les blessures, ou même les sentiments, ne sont pas totalement apaisés.

C’est un terrain favorable au risque de dissonance cognitive : vous dites vouloir une relation amicale, mais votre ressenti ou vos comportements trahissent d’autres attentes.

Par ailleurs, de nombreuses personnes restent amies avec leur ex non par amitié sincère, mais pour préserver une forme de sécurité émotionnelle. Le problème est qu’elle s’accompagne souvent d’un flou, propice aux malentendus et à la souffrance.

En résumé, plus une relation est floue, plus elle génère de stress, de confusion et de douleur psychique.

2. Le besoin d’attachement ne disparaît pas avec la rupture

Est-il normal de rester ami avec son ex ? Oui, c’est courant, mais ce n’est pas toujours sans conséquence. La rupture ne fait pas disparaître instantanément les liens affectifs.

D’après le psychologue John Bowlby, les relations intimes laissent une empreinte durable. Un ex peut ainsi rester, même sans qu’on s’en rende compte, une sorte de figure d’attachement persistante. C’est ce qui explique pourquoi, en période de stress, de doute ou de solitude, beaucoup ressentent le besoin de se tourner vers lui ou elle pour chercher du réconfort.

Ce réflexe est humain même s’il n’est pas systématiquement sain. Car en conservant ce lien, on risque de rester émotionnellement accroché à la relation passée. Chez les personnes ayant un attachement anxieux, cette proximité, même ambiguë, devient une manière de maintenir un sentiment de sécurité.

Le cerveau, lui, continue d’associer l’ex à une source de réassurance, ce qui complique encore plus le détachement.

Rester ami avec un ex n’a rien d’anormal, mais cela peut empêcher la blessure de cicatriser vraiment. Dans certains cas, prendre de la distance, temporairement ou non, est indispensable pour tourner la page et entamer un vrai travail de reconstruction.

3. Certaines amitiés post-rupture servent à éviter le deuil amoureux

Rester proche de son ex, c’est parfois une manière d’anesthésier la douleur de la séparation. Beaucoup de personnes conservent ce lien non pas par réelle amitié, mais pour éviter le vide que la rupture entraîne car cette dernière est difficile à affronter.

On peut constater que :

• Les amitiés où l’un des deux espère encore quelque chose de plus finissent souvent par faire mal.
• L’amitié peut entretenir l’illusion d’un lien encore présent, sans clarifier la nature de la relation.
• Cette dernière empêche la séparation mentale indispensable pour tourner la page.
• Les amitiés sont souvent liées à une stratégie d’évitement, c’est-à-dire une façon de contourner le deuil amoureux au lieu de le traverser.

Rester ami avec un ex pour éviter de souffrir fausse le processus de deuil amoureux. Cela maintient un entre-deux, souvent nocif, et retarde la possibilité de reconstruire sa propre identité, en dehors de la relation.

4. Une pause est souvent indispensable

Après une rupture, beaucoup s’imaginent pouvoir passer directement d’une relation amoureuse à une amitié sans équivoque.
Pourtant, il ne suffit pas de le vouloir pour que ce soit possible. Rappelons que nous portons en nous trois identités : celle que l’autre a de nous, celle que nous avons de nous-mêmes et celle que nous sommes réellement.

En bref, ce n’est pas parce que vous affirmez être prêt(e) à une amitié avec votre ex que votre esprit l’est aussi. Le cerveau ne va pas se soumettre aux caprices, il lui faut du temps pour digérer la séparation et retrouver un équilibre.

Le contact régulier avec un ex, surtout juste après la rupture, brouille les repères affectifs et le deuil amoureux implique dans certains de couper le lien, ne serait-ce que temporairement.

Dans un témoignage publié par le New York Magazine, un silence total d’un an, après une rupture douloureuse, permet de se reconstruire avant d’envisager un lien plus apaisé avec son ex.

Penser qu’on peut rester ami avec son ancien(ne) partenaire, sans phase de transition, c’est souvent se mentir à soi-même. Une vraie pause est souvent indispensable pour guérir, se recentrer, et faire place à une relation plus claire, s’il doit y en avoir une.

5. Le cerveau confond parfois sécurité émotionnelle et sentiment amoureux

Pourquoi une personne veut-elle rester en contact avec son ex ?

Ce n’est pas toujours par amour, ni forcément dans l’idée de se remettre ensemble. Peut-être même que c’est votre ex qui souhaite rester amis. Très souvent, c’est une histoire de lien affectif et, une fois n’est pas coutume, de cerveau.

Après une rupture, maintenir un contact avec son ex est une façon de rester dans un cadre bienveillant et familier. Ce que l’on ressent n’est pas une intention formelle de renouer une relation, mais une forme de soulagement liée à ce que cette personne représentait.

Il est démontré que des interactions bienveillantes avec un ancien partenaire peuvent activer les mêmes circuits cérébraux que ceux mobilisés lors d’une relation amoureuse.

Une étude de la chercheuse Helen Fisher menée grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), a montré que penser à un ex peut relancer la production de dopamine, le neurotransmetteur du plaisir, de la motivation et de l’addiction.

Autrement dit, rester en contact avec un(e) ex peut procurer un shoot de bien-être. Ce phénomène est encore plus marqué si l’homme ou la femme traverse une période de vulnérabilité : stress, solitude, baisse d’estime de soi. Il peut alors confondre besoin de réconfort et sentiments amoureux.

Ce besoin de contact peut être sincère, mais il est souvent davantage lié à une zone de confort émotionnel qu’à un véritable désir de reconstruire quelque chose.

6. Le respect mutuel et la communication définissent les amitiés saines

Est-il sain de garder contact avec son ex ?

La réponse dépend moins de l’intention que des conditions dans lesquelles cette relation se poursuit. Garder contact avec son ex peut être sain à condition que les deux parties soient claires sur ce qu’elles attendent et surtout sur ce qu’elles n’attendent plus.

La stabilité d’une amitié post-rupture repose sur la qualité de la communication. Autrement dit, ce qui compte, ce n’est pas seulement si vous parlez à votre ex, mais comment vous le faites.

Une amitié saine implique une communication honnête, sans sous-entendus. Il faut oser poser des questions parfois inconfortables :

• Suis-je vraiment en paix avec l’idée qu’il ou elle fréquente quelqu’un d’autre ?
• Suis-je capable de partager des moments de vie sans espérer quoi que ce soit d’autre ?

C’est une lucidité à avoir car, dans le cas contraire, vous vous bercez d’illusions avec le risque de (vous) faire mal à nouveau.
Rester en contact avec un ex peut être sain si cette relation repose sur une transparence et surtout de l’honnêteté envers votre ex mais aussi envers vous-même.

7. Les relations à répétition (rupture/reprise) altèrent la stabilité émotionnelle

Certaines amitiés avec un ex prennent la forme d’un va-et-vient incessant : rupture, retrouvailles, nouveaux espoirs, nouvelles déceptions. En bref, votre ex garde le contact mais ne revient pas. Ce cycle, loin d’apaiser est épuisant émotionnellement. Les couples dits « on/off » présentent des niveaux plus élevés d’anxiété, de stress et de symptômes dépressifs que les couples stables ou les personnes séparées définitivement.

Dans ce type de couple, l’amitié devient une zone tampon ambiguë, souvent utilisée pour prendre la température de l’eau sans jamais vraiment se mouiller. L’ex revient parler, puis s’éloigne, difficile à supporter sur le long terme.

Le problème ne vient pas toujours d’une mauvaise intention, mais plutôt d’un attachement non résolu. On reste proche “au cas où”, ou pour éviter le vide. Pourtant, chaque reprise de contact et chaque éloignement laissent une cicatrice encore plus béante.

Si votre amitié avec un ex ressemble à un yo-yo, il y a un risque à ce qu’elle affaiblit votre santé mentale au lieu de vous aider à guérir. La stabilité affective passe souvent par un vrai détachement. Dans ce cas, couper les ponts devient nécessaire même si cela paraît compliqué.

À cela s’ajoute une autre réalité : certaines “amitiés” post-rupture servent en réalité de cadre à des rapports sexuels occasionnels, sans engagement clair. Ce genre de relation, parfois appelée “friendship with benefits”, entretient une fausse proximité, souvent chargée de nostalgie ou de désir.

Si l’un des deux espère plus qu’une simple intimité physique, la confusion émotionnelle peut vite s’installer. Coucher devient alors un moyen de maintenir un lien sans pour autant avancer ni reconstruire. Ce type d’arrangement, s’il n’est pas partagé, renforce l’ambiguïté et peut réellement mettre votre santé mentale à mal.

8.Certain(e)s partenaires perçoivent l’amitié avec un ex comme une menace

En France, plusieurs enquêtes confirment que l’amitié post-rupture est un phénomène à la fois fréquent et ambivalent. Un sondage Ifop réalisé pour TF1 Info en 2023 révèle qu’environ un quart des Français (25 %) déclarent garder un contact régulier avec au moins un(e) ex, alors que 8 personnes sur 10 n’apprécient pas que leur partenaire actuel(le) entretienne ce type de lien.

Les chiffres les plus récents soulignent en outre un clivage générationnel : chez les 18-30 ans, plus de 80 % se disent mal à l’aise si leur compagnon conserve un lien hors des réseaux sociaux avec un ex, et près des trois quarts s’inquiètent lorsqu’il garde en ligne des photos de la relation passée.

Même si votre relation avec votre ex s’est transformée en une amitié sincère et désintéressée, il n’est pas rare que votre nouveau partenaire la vive comme une source d’inquiétude.

Cette intimité qui a existé entre vous créé une forme de rivalité sous-jacente qui peut fragiliser la confiance au sein du couple actuel.

En résumé, maintenir un contact avec un ex n’a rien d’exceptionnel, mais il demeure perçu comme une menace potentielle par la majorité des partenaires actuels, un contraste qui rappelle à quel point la clarté et la communication restent essentielles dans ce type de situation car le passé amoureux continue de peser dans l’imaginaire de l’autre.

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9. Une vraie amitié suppose l’absence de projection

Rester ami avec un ex ne consiste pas seulement à garder le contact sans intimité physique, c’est accepter un changement complet de votre lien : plus de sous-entendus, plus de zones grises, plus d’espoir de retour en arrière. L’amitié authentique suppose que toute dimension romantique ait disparu. Que votre ex vous considère vraiment comme un(e) ami(e).

Comment en être sûr ?

Posez-vous cette question : « Comment réagirais-je si mon ex m’annonçait demain qu’il ou elle se marie ? »
Si cette idée vous serre la gorge, fait monter l’angoisse ou vous arrache des larmes, un attachement résiduel est encore bien présent ; il ne s’agit donc pas d’une amitié claire.

Si, au contraire, vous vous sentez réellement heureux(se) pour lui ou elle, sans pincement au cœur, alors vous avez probablement atteint ce degré de neutralité affective qui permet une vraie relation amicale.