- 09 mars 2018, 15:33
#1277998
Hello amis de galère…
J’ai pas mal tergiversé avant de me décider à poster ici. Je me disais que j’allais y arriver seule mais en fait… non. J’ai beau m’occuper, je pense à mon ex, encore et encore. Notre chanson tourne en boucle dans mon ciboulot. Alors y’a pas, il faut que ça sorte.
Elle et moi (je suis une fille) sommes restées trois ans et demi ensemble.
On s’est rencontrées sur un site de rencontres, tout simplement. Je ne cherchais rien de forcément sérieux, j’étais bien dans ma vie ; elle non plus. Mais elle était en pleine séparation avec sa compagne d’alors et, malgré leur deux filles, ça se passait très mal. J’avais face à moi quelqu’un d’usé, en manque d’amour et de légèreté. Mais en même temps, quelqu’un de terriblement doux, drôle et attachant.
Je réalise que j’étais pile poil ce qu’il lui fallait à ce moment précis : une fille à la fois tranquille et passionnée, curieuse de tout, enthousiaste et… détachée. Bref, une belle bulle d’oxygène dans son quotidien de conflits, de chômage et de routine.
Je sens très vite qu’elle s’attache. Trop vite, à mon goût. Par expérience, je sais que vite attachée, vite détachée. Tout mon opposé. Une petite voix en moi me dit de rester vigilante, que son contexte personnel est compliqué. Mais les contraires s’attirent et je passe trop de bons moments avec elle pour repousser ce bonheur conjugal auquel j’aspire tant.
« Mange ta Soupe ! »
Les trois premiers mois, elle est adorable : douce, attentionnée, aimante, très en demande, nous rions tout le temps. Et puis, petit à petit, je la sens moins en demande, les premières disputes apparaissent. Moi, en revanche, après la prudence des premières semaines, j’ai fini par tomber clairement amoureuse d’elle.
En fait, très vite, elle me fait comprendre qu’elle voudrait que je vienne habiter chez elle. Mais chaque fois sur le mode « Mange ta soupe » comme dit Antoine dans ses vidéos^^. Donc vu mon tempérament, déjà, sur la forme, ça bloque. Je l’aime, ça ne fait aucun doute, mais je ne suis pas chaude, et pour plusieurs raisons :
- 1/ elle a deux filles, dont une en bas âge. Ce n’est pas une vie qui me convient (et je lui dis), d’autant que quand je suis chez elle le week-end, on n’a plus du tout de temps à nous ou de moments pour découvrir le monde extérieur. En tout cas ils sont rares et centrés uniquement sur des activités d’enfants. C’est très différent de l’enfance que j’ai connue. Et sa ville/son quartier ne me plaisent pas du tout mais elle s’y plaît, c’est commode pour son boulot, et elle ne veut pas en changer.
- 2/ je me suis déjà faite virer par une ex du jour au lendemain, dans le passé, et je me suis jurée de ne plus traverser cela.
- 3/ j’ai un statut d’indépendante, avec des revenus irréguliers, donc un très mauvais dossier pour un bailleur. Alors quand j’ai un appart, je le garde précieusement.
Bref, les années passent, rythmées par les bons moments et (de plus en plus) de disputes. Nous sommes radicalement différentes. Moi, très indépendante, sportive, très en demande de découvrir le monde qui m’entoure, romantique, attachant beaucoup plus d’importance au fait d’être là pour la personne que j’aime plutôt que de vivre impérativement avec elle et de respecter tous les codes sociaux.
Elle, très pragmatique, vivant exclusivement pour ses enfants, en besoin constant de réparer son enfance instable et considérant la routine comme quelque chose de très rassurant.
Vous l’avez compris, ça pouvait difficilement coller entre nous…
« Je ne te quitterai jamais ! »
Et pourtant, on a tenu plus de trois ans. J’ai tenté deux fois de la quitter. Mais je l’aimais trop, je ne supportais pas l’idée de la perdre définitivement, elle non plus. Et la voir souffrir m’était insupportable. Je me disais qu’avec cette menace de séparation, on y arriverait, on se battrait toutes les deux pour sauver notre histoire. Surtout qu’elle me disait : « Je ne te quitterai jamais. Si on se sépare, ce sera parce que c’est toi qui m’aura quittée. Et là, pff, il se passera un bon moment avant que je me remette en couple. Je me consacrerai à mes filles, point ! » Tu parles…
Dans les faits, elle fait tout pour que je la quitte. Un vrai glaçon pendant des mois. Quand mon père tombe malade (incurable), je passe l’été entier à m’occuper de lui. C’est physiquement et moralement, très difficile.
De son côté, elle part en vacances. Bon, ok, je me dis que quitte à rester bloquée chez mes parents, autant qu’elle en profite de son côté. Sauf qu’elle me pète un beau SR pendant une semaine. Pas un texto pour prendre des nouvelles de mon père ni pour m’encourager à tenir bon. Encore moins pour me stimuler avec la perspective d’un week-end en amoureuses à mon retour. A sa place, c’est ce que j’aurais proposé. Au moins, ça m’aurait encouragée.
Le reste, vous le connaissez. La rupture, inévitable. Fin octobre/début novembre 2017. De mon fait, j’avoue. Après un énième « Mange ta soupe », un jour, je craque en lui disant que je n’en peux plus, qu’on arrête là (la maladie d mon père me bouffait aussi la tête). Que je l’aime toujours autant, que je suis là pour elle, que je voudrais rester avec elle, mais que je veux garder un chez moi. Et pourtant, au même moment, mon proprio m’annonce qu’il veut récupérer l’appart.
On se sépare, donc, tout en restant en contact étroit. On fait quelques sorties ensemble, je prends soin d’elle en décembre quand elle doit subir une opération très délicate. Je l’aime, pour moi c’est naturel.
En janvier, pendant une énième hospitalisation de mon père, je lui envoie un texto en lui disant qu’elle me manque. Elle me répond froidement, sur un tout autre sujet. Le vent tourne.
Quelques jours après, mon père meurt, brutalement. Il était mon double, mon jumeau, mon refuge. La personne qui me comprenait le mieux au monde. Bref, il était tout pour moi. Alors forcément, je suis au fond du gouffre. Bloquée par la neige, je dois passer la nuit dans notre ville avant de pouvoir rejoindre ma famille, le lendemain. Cette nuit, il n’y a qu’une personne avec qui je veux la passer : mon ex. Et je ne parle pas de sexe, mais d’un besoin vital de dormir contre elle, au chaud. En plus elle me propose de venir chez elle.
Sauf qu’en lui parlant, ce soir-là, je remarque qu’elle a le nez dans son téléphone. Elle a même fait installer une appli qui flashe à chaque nouveau message… Agacée, je finis par lui demander avec qui elle échange comme ça (« Heu tu connais pas… »). Je pressens exactement ce qu’il se passe. Mais je veux qu’elle me le dise clairement donc je la pousse un peu.
Trahie au pire moment
Oui, elle a rencontré quelqu’un sur un site, « depuis une semaine ». Un site de niche, sur l’homoparentalité. La nana (elle me donne son prénom) habite à l’autre bout du pays, a perdu sa compagne, enceinte de jumeaux. Genre, " tu comprends, la pauvre ". Après la mort de mon père, le matin même, c’est comme si on remuait lentement le poignard au fond de mes tripes. Mon ex, évidemment, est en mode glaçon. Je n’ai qu’une envie, m’enfuir à toutes jambes mais pour aller où à cette heure ? Je suis épuisée et dévastée. Le pire jour de ma vie.
Les jours suivants, elle se met en SR. Je guette mon téléphone sans arrêt. J’organise les obsèques avec mon frère. J’aurai un texto de bon courage, très court, le soir de l’enterrement. Quand tout est terminé. L’horreur de la levée du corps, la cérémonie où il faut tenir sans être une loque devant tout le monde, soutenir ma mère, accepter de voir enfouir le cercueil. Bref, tout ça est passé. Et le silence de la personne que j’aime, ex ou pas ex, est assourdissant. Pire, elle s’éclate dans les bras d’une autre.
A mon retour, je récupère ma voiture laissée chez elle, sans la croiser. Je lui envoie quand même un texto où je lui souhaite d’être heureuse. Elle me répond un truc du genre : « Toi aussi. Tu le mérites ».
Mais 24h plus tard, occupée à vider mon appart (que je dois rendre, donc), je craque le SR et lui demande des nouvelles de sa jambe opérée. Nous échangeons sur des sujets légers, pendant quelques minutes, puis plus rien. D’un seul coup. Il est 23h. J’attends un peu et finis par me coucher. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.
Le lendemain matin, elle m’envoie un message : « Bonjour, désolée pour hier soir, j’étais au tél et après ça faisait tard pour répondre. Bonne journée ». Et là, j’explose. Bam, l’interdit. Je lui dis que j’imagine très bien avec qui elle a parlé toute cette nuit là, que c’est son droit d’avoir retrouvé quelqu’un, mais que je ne comprends pas pourquoi elle me laisse tomber au moment où j’ai le plus besoin de son soutien. Et je termine en la rassurant, elle n’aura plus à répondre à mes textos et pourra se consacrer pleinement à ses coups de fil du soir.
Aucune réponse de sa part.
C’est mon dernier texto. Trop c’est trop. Je décide de lui péter un méga SR interplanétaire.
En plein SR dans les bras de sa next
Une semaine après, alors que je suis sur le point de quitter notre ville avec une partie de mes affaires (les hospitalisations puis la mort de mon père ne m’ont pas laissé le temps de retrouver un appart), elle m’envoie un dernier message : « Bonjour. Je te souhaite bcp de courage pour ton déménagement. Et bcp de chance pour la suite. Bon we. »
Mon déménagement ? Il est fini. Et je ne suis pas d’humeur à « passer un bon week-end ». J’ai perdu mon père, mon appart, la femme que j’aimais est dans les bras d’une autre, je quitte une région que j’aime et des amis sans savoir quand je reviendrai, je suis épuisée, sans boulot et au bout du rouleau. Bref, une vie à reconstruire. Alors l’ambiance RTT, c’est peu dire que je m’en tape…
Huit jours après, je suis là. Toujours partagée entre ce sentiment de trahison, d’abandon et la compréhension de son besoin de trouver quelqu’un qui aspire à une vie de famille à 100%. D’ailleurs, si elle est capable de s’investir aussi « vite », de cette façon, c’est qu’elle ne m’aimait plus depuis un moment. Ou qu’elle est en plein rebond. Le résultat est le même : elle ne m’apporte aucun soutien, même de loin. Et batifole dans les bras d’une autre. J’en ai la nausée à les imaginer ensemble.
L’ironie du truc, c’est que la mort de mon père a énormément modifié ma façon d’appréhender les relations amoureuses, l’engagement et le temps qui passe. J’ai beaucoup mûri.
Pour la première fois de ma vie, j’ai envie de fonder une famille, de construire. Tout en gardant une certaine liberté, autant que possible, et un espace pour mes passions. Mais cela ne me semble plus aussi contraignant qu’avant. J’ai envie d’avancer.
Je l’ai dit à mon ex quand on était encore en contact. Elle a mis ça sur le compte de la mort de mon père, à juste titre, mais en considérant que je ne pouvais pas changer aussi vite. Et je sais que c’est surprenant. Mais c’est un fait acquis.
Je regrette… mais c’est trop tard
Dans un de ses derniers (et rares) textos, mon ex me dit qu’elle a attendu ces mots pendant trois ans, et qu’elle était désolée que ça se passe comme ça (= maintenant qu’elle est branchée sur qqn d’autre j’imagine). Moi aussi. On peut considérer que ça s’est joué à quelques jours près. Elle hésitait à s’inscrire sur ce site. Elle disait à une amie qu’elle avait l’impression de me tromper. Et puis cette amie l’a complètement déculpabilisée (merci A. !). Et les échanges qu’elle a eus avec sa next lui ont, dit-elle, fait un bien fou… Game over.
J’aurais pt fait une erreur en me remettant avec elle, mais on en aurait eu le cœur net. Si ça se trouve, on aurait trouvé un équilibre. Et, de toute façon, mon envie de m’engager reste là. Avec elle ou pas.
Mais rien ne presse. Elle occupe encore trop d’espace pour que je laisse entrer quelqu’un. Encore une différence entre nous. Je ne désaime pas facilement.
Bref, désolée pour le pavé. Il fallait que j’extériorise mon histoire pour apprivoiser le manque. Déjà que je dois gérer l’absence de mon père… Et je ne veux pas saouler mes amis avec cette histoire d’ex. Cette fois c’est vraiment fini et il faut que je l’accepte.
Merci aux plus costauds qui m’auront lue jusqu’au bout. Si vous avez des remarques, des conseils, des observations ou des questions, je suis ouverte…
Au plaisir de vous lire, les amis !
J’ai pas mal tergiversé avant de me décider à poster ici. Je me disais que j’allais y arriver seule mais en fait… non. J’ai beau m’occuper, je pense à mon ex, encore et encore. Notre chanson tourne en boucle dans mon ciboulot. Alors y’a pas, il faut que ça sorte.
Elle et moi (je suis une fille) sommes restées trois ans et demi ensemble.
On s’est rencontrées sur un site de rencontres, tout simplement. Je ne cherchais rien de forcément sérieux, j’étais bien dans ma vie ; elle non plus. Mais elle était en pleine séparation avec sa compagne d’alors et, malgré leur deux filles, ça se passait très mal. J’avais face à moi quelqu’un d’usé, en manque d’amour et de légèreté. Mais en même temps, quelqu’un de terriblement doux, drôle et attachant.
Je réalise que j’étais pile poil ce qu’il lui fallait à ce moment précis : une fille à la fois tranquille et passionnée, curieuse de tout, enthousiaste et… détachée. Bref, une belle bulle d’oxygène dans son quotidien de conflits, de chômage et de routine.
Je sens très vite qu’elle s’attache. Trop vite, à mon goût. Par expérience, je sais que vite attachée, vite détachée. Tout mon opposé. Une petite voix en moi me dit de rester vigilante, que son contexte personnel est compliqué. Mais les contraires s’attirent et je passe trop de bons moments avec elle pour repousser ce bonheur conjugal auquel j’aspire tant.
« Mange ta Soupe ! »
Les trois premiers mois, elle est adorable : douce, attentionnée, aimante, très en demande, nous rions tout le temps. Et puis, petit à petit, je la sens moins en demande, les premières disputes apparaissent. Moi, en revanche, après la prudence des premières semaines, j’ai fini par tomber clairement amoureuse d’elle.
En fait, très vite, elle me fait comprendre qu’elle voudrait que je vienne habiter chez elle. Mais chaque fois sur le mode « Mange ta soupe » comme dit Antoine dans ses vidéos^^. Donc vu mon tempérament, déjà, sur la forme, ça bloque. Je l’aime, ça ne fait aucun doute, mais je ne suis pas chaude, et pour plusieurs raisons :
- 1/ elle a deux filles, dont une en bas âge. Ce n’est pas une vie qui me convient (et je lui dis), d’autant que quand je suis chez elle le week-end, on n’a plus du tout de temps à nous ou de moments pour découvrir le monde extérieur. En tout cas ils sont rares et centrés uniquement sur des activités d’enfants. C’est très différent de l’enfance que j’ai connue. Et sa ville/son quartier ne me plaisent pas du tout mais elle s’y plaît, c’est commode pour son boulot, et elle ne veut pas en changer.
- 2/ je me suis déjà faite virer par une ex du jour au lendemain, dans le passé, et je me suis jurée de ne plus traverser cela.
- 3/ j’ai un statut d’indépendante, avec des revenus irréguliers, donc un très mauvais dossier pour un bailleur. Alors quand j’ai un appart, je le garde précieusement.
Bref, les années passent, rythmées par les bons moments et (de plus en plus) de disputes. Nous sommes radicalement différentes. Moi, très indépendante, sportive, très en demande de découvrir le monde qui m’entoure, romantique, attachant beaucoup plus d’importance au fait d’être là pour la personne que j’aime plutôt que de vivre impérativement avec elle et de respecter tous les codes sociaux.
Elle, très pragmatique, vivant exclusivement pour ses enfants, en besoin constant de réparer son enfance instable et considérant la routine comme quelque chose de très rassurant.
Vous l’avez compris, ça pouvait difficilement coller entre nous…
« Je ne te quitterai jamais ! »
Et pourtant, on a tenu plus de trois ans. J’ai tenté deux fois de la quitter. Mais je l’aimais trop, je ne supportais pas l’idée de la perdre définitivement, elle non plus. Et la voir souffrir m’était insupportable. Je me disais qu’avec cette menace de séparation, on y arriverait, on se battrait toutes les deux pour sauver notre histoire. Surtout qu’elle me disait : « Je ne te quitterai jamais. Si on se sépare, ce sera parce que c’est toi qui m’aura quittée. Et là, pff, il se passera un bon moment avant que je me remette en couple. Je me consacrerai à mes filles, point ! » Tu parles…
Dans les faits, elle fait tout pour que je la quitte. Un vrai glaçon pendant des mois. Quand mon père tombe malade (incurable), je passe l’été entier à m’occuper de lui. C’est physiquement et moralement, très difficile.
De son côté, elle part en vacances. Bon, ok, je me dis que quitte à rester bloquée chez mes parents, autant qu’elle en profite de son côté. Sauf qu’elle me pète un beau SR pendant une semaine. Pas un texto pour prendre des nouvelles de mon père ni pour m’encourager à tenir bon. Encore moins pour me stimuler avec la perspective d’un week-end en amoureuses à mon retour. A sa place, c’est ce que j’aurais proposé. Au moins, ça m’aurait encouragée.
Le reste, vous le connaissez. La rupture, inévitable. Fin octobre/début novembre 2017. De mon fait, j’avoue. Après un énième « Mange ta soupe », un jour, je craque en lui disant que je n’en peux plus, qu’on arrête là (la maladie d mon père me bouffait aussi la tête). Que je l’aime toujours autant, que je suis là pour elle, que je voudrais rester avec elle, mais que je veux garder un chez moi. Et pourtant, au même moment, mon proprio m’annonce qu’il veut récupérer l’appart.
On se sépare, donc, tout en restant en contact étroit. On fait quelques sorties ensemble, je prends soin d’elle en décembre quand elle doit subir une opération très délicate. Je l’aime, pour moi c’est naturel.
En janvier, pendant une énième hospitalisation de mon père, je lui envoie un texto en lui disant qu’elle me manque. Elle me répond froidement, sur un tout autre sujet. Le vent tourne.
Quelques jours après, mon père meurt, brutalement. Il était mon double, mon jumeau, mon refuge. La personne qui me comprenait le mieux au monde. Bref, il était tout pour moi. Alors forcément, je suis au fond du gouffre. Bloquée par la neige, je dois passer la nuit dans notre ville avant de pouvoir rejoindre ma famille, le lendemain. Cette nuit, il n’y a qu’une personne avec qui je veux la passer : mon ex. Et je ne parle pas de sexe, mais d’un besoin vital de dormir contre elle, au chaud. En plus elle me propose de venir chez elle.
Sauf qu’en lui parlant, ce soir-là, je remarque qu’elle a le nez dans son téléphone. Elle a même fait installer une appli qui flashe à chaque nouveau message… Agacée, je finis par lui demander avec qui elle échange comme ça (« Heu tu connais pas… »). Je pressens exactement ce qu’il se passe. Mais je veux qu’elle me le dise clairement donc je la pousse un peu.
Trahie au pire moment
Oui, elle a rencontré quelqu’un sur un site, « depuis une semaine ». Un site de niche, sur l’homoparentalité. La nana (elle me donne son prénom) habite à l’autre bout du pays, a perdu sa compagne, enceinte de jumeaux. Genre, " tu comprends, la pauvre ". Après la mort de mon père, le matin même, c’est comme si on remuait lentement le poignard au fond de mes tripes. Mon ex, évidemment, est en mode glaçon. Je n’ai qu’une envie, m’enfuir à toutes jambes mais pour aller où à cette heure ? Je suis épuisée et dévastée. Le pire jour de ma vie.
Les jours suivants, elle se met en SR. Je guette mon téléphone sans arrêt. J’organise les obsèques avec mon frère. J’aurai un texto de bon courage, très court, le soir de l’enterrement. Quand tout est terminé. L’horreur de la levée du corps, la cérémonie où il faut tenir sans être une loque devant tout le monde, soutenir ma mère, accepter de voir enfouir le cercueil. Bref, tout ça est passé. Et le silence de la personne que j’aime, ex ou pas ex, est assourdissant. Pire, elle s’éclate dans les bras d’une autre.
A mon retour, je récupère ma voiture laissée chez elle, sans la croiser. Je lui envoie quand même un texto où je lui souhaite d’être heureuse. Elle me répond un truc du genre : « Toi aussi. Tu le mérites ».
Mais 24h plus tard, occupée à vider mon appart (que je dois rendre, donc), je craque le SR et lui demande des nouvelles de sa jambe opérée. Nous échangeons sur des sujets légers, pendant quelques minutes, puis plus rien. D’un seul coup. Il est 23h. J’attends un peu et finis par me coucher. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.
Le lendemain matin, elle m’envoie un message : « Bonjour, désolée pour hier soir, j’étais au tél et après ça faisait tard pour répondre. Bonne journée ». Et là, j’explose. Bam, l’interdit. Je lui dis que j’imagine très bien avec qui elle a parlé toute cette nuit là, que c’est son droit d’avoir retrouvé quelqu’un, mais que je ne comprends pas pourquoi elle me laisse tomber au moment où j’ai le plus besoin de son soutien. Et je termine en la rassurant, elle n’aura plus à répondre à mes textos et pourra se consacrer pleinement à ses coups de fil du soir.
Aucune réponse de sa part.
C’est mon dernier texto. Trop c’est trop. Je décide de lui péter un méga SR interplanétaire.
En plein SR dans les bras de sa next
Une semaine après, alors que je suis sur le point de quitter notre ville avec une partie de mes affaires (les hospitalisations puis la mort de mon père ne m’ont pas laissé le temps de retrouver un appart), elle m’envoie un dernier message : « Bonjour. Je te souhaite bcp de courage pour ton déménagement. Et bcp de chance pour la suite. Bon we. »
Mon déménagement ? Il est fini. Et je ne suis pas d’humeur à « passer un bon week-end ». J’ai perdu mon père, mon appart, la femme que j’aimais est dans les bras d’une autre, je quitte une région que j’aime et des amis sans savoir quand je reviendrai, je suis épuisée, sans boulot et au bout du rouleau. Bref, une vie à reconstruire. Alors l’ambiance RTT, c’est peu dire que je m’en tape…
Huit jours après, je suis là. Toujours partagée entre ce sentiment de trahison, d’abandon et la compréhension de son besoin de trouver quelqu’un qui aspire à une vie de famille à 100%. D’ailleurs, si elle est capable de s’investir aussi « vite », de cette façon, c’est qu’elle ne m’aimait plus depuis un moment. Ou qu’elle est en plein rebond. Le résultat est le même : elle ne m’apporte aucun soutien, même de loin. Et batifole dans les bras d’une autre. J’en ai la nausée à les imaginer ensemble.
L’ironie du truc, c’est que la mort de mon père a énormément modifié ma façon d’appréhender les relations amoureuses, l’engagement et le temps qui passe. J’ai beaucoup mûri.
Pour la première fois de ma vie, j’ai envie de fonder une famille, de construire. Tout en gardant une certaine liberté, autant que possible, et un espace pour mes passions. Mais cela ne me semble plus aussi contraignant qu’avant. J’ai envie d’avancer.
Je l’ai dit à mon ex quand on était encore en contact. Elle a mis ça sur le compte de la mort de mon père, à juste titre, mais en considérant que je ne pouvais pas changer aussi vite. Et je sais que c’est surprenant. Mais c’est un fait acquis.
Je regrette… mais c’est trop tard
Dans un de ses derniers (et rares) textos, mon ex me dit qu’elle a attendu ces mots pendant trois ans, et qu’elle était désolée que ça se passe comme ça (= maintenant qu’elle est branchée sur qqn d’autre j’imagine). Moi aussi. On peut considérer que ça s’est joué à quelques jours près. Elle hésitait à s’inscrire sur ce site. Elle disait à une amie qu’elle avait l’impression de me tromper. Et puis cette amie l’a complètement déculpabilisée (merci A. !). Et les échanges qu’elle a eus avec sa next lui ont, dit-elle, fait un bien fou… Game over.
J’aurais pt fait une erreur en me remettant avec elle, mais on en aurait eu le cœur net. Si ça se trouve, on aurait trouvé un équilibre. Et, de toute façon, mon envie de m’engager reste là. Avec elle ou pas.
Mais rien ne presse. Elle occupe encore trop d’espace pour que je laisse entrer quelqu’un. Encore une différence entre nous. Je ne désaime pas facilement.
Bref, désolée pour le pavé. Il fallait que j’extériorise mon histoire pour apprivoiser le manque. Déjà que je dois gérer l’absence de mon père… Et je ne veux pas saouler mes amis avec cette histoire d’ex. Cette fois c’est vraiment fini et il faut que je l’accepte.
Merci aux plus costauds qui m’auront lue jusqu’au bout. Si vous avez des remarques, des conseils, des observations ou des questions, je suis ouverte…
Au plaisir de vous lire, les amis !