Zezette a écrit :On dirait que ça remonte la pente malgré tout !
Non... Disons que pour l'instant, au bout de 6 mois de travail acharné, j'ai réussi à stopper la chute et à équilibrer les comptes. Mais il faut maintenant absolument relancer le chiffre d'affaire afin de dégager des bénéfices.
Parce que le problème, dans l'artisanat, c'est que les caisses (en particulier le RSI) encaissent les charges au forfait en partant du principe que les bénéfices existent, et te remboursent l'année suivante si cela n'a pas été le cas. Et donc d'ici 6 à 8 mois, si je n'ai pas dégagé un minimum de bénéfices, le coût des charges risque de me remettre en difficultés.
C'est une super bonne nouvelle ! Si ça se trouve dans un an tu pourras bosser full time pour ton salon et en tirer un vrai salaire.
A l'origine, c'était le but. Faire du gardiennage d'usine ou le cador derrière les caisses d'un supermarché, ce n'est déjà pas super enrichissant, alors je me voyais encore moins m'enliser là-dedans jusqu'à la retraite.
Mais, d'une part, la crise est passée par là, et il a bien fallu continuer quelques années de plus que prévu.
Puis, une réticence certaine de mon ex (déjà là, ça aurait du faire "tilt", mais bon...) a retardé ce moment: elle n'admettait pas que la gestion de l'entreprise soit un travail à part entière qui méritait une rémunération. Selon elle, il n'y avait que son travail de coiffeuse qui était à l'origine des recettes, et s'il y avait assez d'argent, il devait avant tout servir à augmenter sa rémunération, avant de penser à en percevoir une moi-même...
Et enfin, lorsque la qualité de son travail a commencé, en faisant chuter le chiffre, à mettre en péril l'entreprise (un an avant la rupture), il a bien fallu que je renonce encore à percevoir le moindre centime de mon investissement pendant encore plusieurs années.
Mais bon, désormais, la donne a changé. A moi de montrer ce que je vaux vraiment, et ainsi de pouvoir en retirer au-moins la satisfaction de me payer.
Pense à virer ton ex dès que possible ! L'argent qu'elle empoche pour ses maigres prestations sera aussi bien dans ta propre poche !
Disons que ce n'est pas aussi simple.
D'une part, parce que tant qu'elle est salariée, ça diminue peut-être les bénéfices, mais ça semble s'équilibrer au point de vue charges et impôts.
D'autre part, avant d'être dans cette situation, j'avais toujours promis que si un jour les bénéfices augmentaient ou si (en rêve) le gouvernement faisait un effort sur nos impôts, mon premier geste serait d'augmenter les salaires des employées, avant même de me rémunérer. Parce que j'ai quand même conscience que c'est un boulot difficile et en général mal payé (en 6 mois, j'ai déjà augmenté 3 fois l'autre coiffeuse, pas de beaucoup, mais au maximum de mes possibilités à chaque fois). Donc il serait mal venu de ma part de faire le contraire de ce que j'ai toujours dit.
Et puis, tant qu'elle est salariée, elle n'a peut-être pas les moyens de se payer un avocat, mais si elle se retrouvait au chômage, elle aurait droit à l'aide juridique, ce qui l'inciterait à relancer la procédure de divorce trop tôt pour que je puisse l'empêcher de couler l'entreprise. Sans compter qu'elle n'hésiterait certainement pas à déclencher une dangereuse procédure prud'hommale.
Et enfin, j'ai l'impression, ces dernières semaines, qu'elle s'est rendue compte d'une chose: elle n'est plus (et de loin) la "star" du salon. Si les clients viennent encore, c'est pour l'autre coiffeuse. Elle a donc l'air de vouloir tout faire pour reconquérir sa notoriété et sa clientèle. Bien que je me doute fortement que c'est avant tout pour pouvoir plus facilement proposer ses services à la concurrence d'ici quelque temps. Mais en attendant, ça m'arrange
Est-ce que c'est vraiment ton problème? Prends un avocat si ça te chante et laisse-la se démerder ! Elle est grave quand même ! Tu la gâtes trop, du coup elle ose tout, pourquoi pas si tu dis toujours oui !
Ah mais je n'ai pas du tout l'intention, pour l'instant, de prendre un avocat. Le soucis, c'est qu'elle voudrait un divorce à l'amiable, avec un avocat commun, mais que ce soit moi qui le paie. Elle veut le beurre, l'argent du beurre, et le cul de la crémière.
C'est la raison pour laquelle je lui ai bien fait comprendre que si je devais payer des frais d'avocat, ce ne serait certainement pas pour l'arranger, mais pour en prendre un qui défendrait complètement mes intérêts.
C'est triste, franchement, ça en dit long sur sa capacité d'empathie, et sur les sentiments qu'elle avait pour toi. Si ton amour avait été compris et partagé le moins du monde, elle aurait au moins mis un peu de tact dans sa démarche...
Ah oui, mais ça, il y avait longtemps que je l'avais compris. Dès le départ, elle m'avait parfaitement expliqué que son but en divorçant, c'était de devenir insolvable pour me forcer à rembourser ses dettes, quitte à ce que je finisse SDF, du moment qu'ensuite, elle, puisse tranquillement se remettre à bosser sans avoir à être solidaire des dettes.
T'as jamais pensé à suivre une formation de coiffeur? Je demande ça parce que, avec toute ta sensibilité, tu as sûrement un côté artiste que tu pourrais exploiter dans ce salon.
Si, j'y avais pensé il y a quelques années. On a eu une apprentie pendant 4 ans, et j'avais trouvé le CAP franchement simple à décrocher. Cela m'aurait donc donné l'occasion d'avoir moins de frais de personnel à sortir. Mais étant donné que je n'ai pas pu interrompre, même temporairement mon boulot de gardiennage à cause de la crise, j'ai laissé passer l'occasion. Et ce n'est pas en ce moment que j'aurais le temps de m'y consacrer.
Par contre, mon côté artistique risquerait bien de créer des surprises: je suis daltonien; alors les couleurs sur les clientes, ça risquerait d'être assez folklo
Et puis non, ce n'est pas du tout mon trip: je ne suis absolument pas un manuel; il a fallu que mon ex quitte le domicile où nous avions emménagé il y a 6 ans pour que je me décide à poser une étagère dans mon bureau, et une suspension dans la chambre. Cela fait 6 mois, et depuis, je n'ai même pas encore rangé la perceuse... Au salon, j'ai mis 8 ans à changer le joint d'un robinet qui fuyait... Non, je sais me servir de mes 10 doigts (j'ai une formation en électrotechnique et une de mécanicien diéséliste), il n'y a pas de problème, et je ne suis pas fainéant, mais sorti de mon PC et de mes bouquins, il ne faut surtout pas compter sur moi pour un travail manuel qui demanderait plus de 15 minutes d'effort
Hé hé on reprend goût à la liberté et à la vie de célibataire ! C'est pas une mauvaise chose, le plus important c'est que tu sois heureux, en vivant en couple ou pas. Avec le temps tu trouveras bien ce qui te convient le mieux...
Je connais un homme qui a vécu en célibataire pendant plusieurs années après son divorce, et il disait qu'il ne voulait plus avoir de femme dans les pattes parce que seul, il pouvait faire tout ce qu'il voulait (son épouse avait tendance à le contrôler et à le brimer, il s'en est rendu compte après-coup - il a eu le nez dedans si longtemps qu'il ne réalisait pas qu'il ne vivait pas vraiment sa vie mais la vie de sa femme)
Bref, le mec disait toujours: "Plus jamais !" et puis bah, il a fini par rencontrer une nana qui l'a fait craquer.
Ah mais je ne dis pas que je ne me laisserais pas tenter: le salon propose de la coiffure et de l'esthétique, donc j'ai souvent l'occasion de croiser des femmes attirantes; mais franchement, si au départ cela a été très dur de me retrouver seul le soir, j'avoue que petit à petit, j'y trouve mon compte, puisque par exemple, si je ramène de la compta à la maison que je n'ai pas eu le temps de gérer dans la journée, personne n'est là pour me reprocher que le diner a déjà été réchauffé deux ou trois fois.
Et puis j'ai pu rebrancher mon Nabaztag, je ne suis plus obligé de supporter Skyrock et je peux même écouter du Vivaldi ou du John Coltrane sans qu'on m'en fasse le reproche.
Et je ne suis même plus obligé de regarder Plus Belle La Vie tous les soirs sous prétexte d'en parler le lendemain avec les clientes.
Je peux mettre au choix un slip, un caleçon ou un boxer sans qu'on trouve cela bizarre. Si j'ai envie de mettre une chemise au lieu d'un polo pour sortir, je n'ai plus de remarque systématique ("cette chemise ne te va pas", comprenez "j'en ai marre de repasser").
Si un matin je suis pressé, je peux laisser ma tasse de café vide sur l'évier jusqu'au soir sans que cela soit la fin du monde. Et si la cafetière est vide un matin au réveil, j'en refait sans avoir entendu pour la dix millième fois "j'en ai marre, c'est encore moi qui ai du refaire le café !".
J'ai le droit de manger une omelette le soir si ça me chante.
Elle ne m'appelle plus toutes les demi-heures pour aller lui tenir compagnie au garage le temps qu'elle fume une clop', je ne me fais plus engueuler lorsqu'à minuit, après qu'elle se soit endormie sur la banquette, je lui fais la remarque qu'elle serait mieux au lit, je ne suis plus obligé de tuer ces pauvres araignées inoffensives qui vivent dans le garage, et j'ai même pu installer le nichoir à oiseaux sur ma terrasse pour les nourrir cet hiver.
Et sublime satisfaction: si je bosse de nuit le week-end, je n'ai plus de remarque de belle-maman que j'ai réveillée en pleine nuit à 22h00, lorsque je suis parti au boulot. Bah oui, Colette, vous m'excuserez d'avoir deux jobs à temps complet pour pouvoir vous accueillir à la maison 4 jours par semaine, ce qui vous permet de passer l'aspirateur chez moi le dimanche à 9h00 du matin quand je rentre du boulot à 6h00. Ah et puis, Colette, je me fous royalement que votre voisine reçoive trois hommes différents par semaine, ou que la femme de mon voisin promène son chien à 23h00 tous les jeudi soirs...
Alors oui, une tête sur mon épaule, ou une main dans mes cheveux, ça me manque. Mais pas à ce point.