Cher tous,
je viens donner quelques nouvelles de mon évolution. Non seulement parce que cela me fait un bien fou d'extérioriser, mais aussi parce que dans un processus pareil, il n'est pas évident d'avoir de l'objectivité sur sa situation. Je suis traversée par diverses émotions. Les fameuses montagnes russes, celles qui nous font osciller entre paix et anxiété, calme intérieur et désordre intérieur, peur et espoir, crainte et désespoir. Cela me fait penser à une mer sur laquelle je vogue "la mer des émotions". Je suis sur un radeau de fortune, mais qui me semble bien solide jusque là! Un radeau fait de mon histoire, mon parcours, de ma foi. Et même si pleure parfois et encore cet homme que j'ai aimé en dépit de tout, pour lequel je me suis dévouée corps et âme, je pleure de désillusion, de rêves volés et brisés.
Je suis donc à Paris, où j'ai commencé mon stage dans un cabinet d'affaires international. Cela me fait tout drôle d'avoir un bureau, une secrétaire et de faire des réunions avec les associés et avocats dont je suis sous la responsabilité. Les horaires sont denses! je fais du 09h30-19h30 avec une heure de pause déjeuner. Mais en même temps, je m'abrutis de travail, le fait me focaliser sur autre chose me fait moins ruminer et ressasser, même si j'ai encore des moments de passage à vide.
Je comprends Tahar Ben Jelloul lorsqu'il a écrit ceci :
"Le silence de l'Aimée
Est un meurtre tranquille
Il blesse sans tuer
Il inquiète et fait monter la fièvre
C'est un mur froid qui avance
Broie ce qu'il rencontre
Le tout sans faire de bruit."
Je me mentirai à moi même si je disais que je ne l'aime plus. Et même lorsque je me remémore toutes les horreurs et toutes les crasses qu'il m'a faites, je suis incapable de le haïr. Chacune des ses phrases assassines, de ses comportements humiliants et destructeurs raisonnent en moi comme lorsque l'on tape sur un tambour vide. Ai-je seulement envie de le haïr ? Non, je veux juste être indifférente, juste ça! Juste ça, rien de plus.
On m'encourage à trouver des relations pansements pour oublier, pour passer à autre chose. Je suis sans cesse obligée d'expliquer que je n'en ai pas la force, encore moins l'envie. C'est comme si on demandait à quelqu'un qui a une jambe fracassée de se mettre à courir pour la guérir. Mais aussi, je ne veux pas faire à quelqu'un ce que je n'aimerai pas que l'on me fasse. Certains le comprennent, d'autres pas du tout.
Hier, j'ai reçu un coup de fil de l'ex à propos d'un document d'une importance extrême qu'il aurait dû me faire parvenir depuis des lustres. Je lui ai dit que j'étais en réunion, et que je le rappellerai plus tard. Je pense que cela l'a intrigué car lorsqu'il m'a quitté j'étais au plus mal, tout en bas et si paumée que cela ne semblait pas évident que je poursuive. Le fait d'entendre "réunion", alors que je suis censée être à la rue et dans une merde intégrale a alimenté sa curiosité, que j'ai décidé de nourrir.
Enfin, bref! Je l'ai donc rappelé pour lui demander ce qu'il voulait. Je dois avouer que cela me permait aussi de voir mon travail de détachement qui semble bien long. Il m'avait l'air à la fois très content de m'avoir et surpris. On a échangé quelques mots à propos de ce document qu'il m'a fait suivre, plutôt cordiaux, sans importance.
<< lui :
Alors ? m'a-t-il demandé, tu as trouvé ton stage final ?
- moi :
Oui, ai-je répondu.
- lui : Et où ?
- moi : Paris, dans un cabinet d'affaires international;
- lui:
waouw, ça doit être une autre expérience
. Franchement félicitations, je ne doute pas de ta réussite, c'est obligé, tu y
arriveras.
- moi :Réussite, je sais pas trop ai-je rajouté.
Ce n'est que le début, et je n'ai pas encore fini. Nous parlerons de réussite après.
- lui :
Oui mais j'imagine que tu as du ramer
. En tout cas bravo;
- moi :
Merci, ai-je répondu. Tous mes vœux de bonheur pour cette nouvelle année. Je te laisse.
- lui :
Je t'embrasse.
J'ai raccroché aussitôt. Il fallait que je me remette au taf. Sentiment assez mitigé, je ne suis plus en attente de quoique ce soit.
Mais je constate que les rares fois où nous nous sommes eu au téléphone. Il revient sans cesse sur le fait de savoir comment je me porte, si je vais bien.
9 mois plus tard, ça t'intéresse ? Ben dis donc !.
Que veux-tu savoir au fond ? Que veux-tu entendre ? Que je souffre comme jamais au point de pleurer encore certains soirs ? que je suis dans une galère terrible ? Que tu me manques cruellement ? Que je trouve la vie injuste en ce que toi tu es heureux et moi malheureuse ? Que je t'insulte et traite de tous les noms d'oiseaux ? Que je te réclame cette fameuse aumône que tu me proposes? Que je vais mal, et que j'envie que tu souffres autant que moi ? Que je pourrai te hair mais que je n'y arrive pas
[/b]
Bien sur que je suis en colère parce que je me sens flouée, trahie ect. Bien sur que j'aimerai te le crier haut et fort, que je souhaite que tu morfles au centuple près. Mais je ne le ferai pas. Je garderai mes émotions pour moi. Je ne veux pas me battre, je ne m'en sens pas la force. Je recherche la paix intérieure. Tout le reste n'est que vanité des vanités.
Voila donc où j'en suis en ce début d'année au cours de laquelle je nous souhaite d'abdiquer! Oui, parce qu'abdiquer est le début de la reconquête, mais de soi. On ne nous le dira jamais assez, mais je pense qu'on finit par le comprendre lorsqu'on se détache peu à peu de son ex. Dans une relation, on finit par se perdre et par perdre de vue qui on est. Je me rends compte que je ne vivais plus que par lui et pour lui. Il était devenu mon moteur, j'avais fait de lui mon essentiel. Erreur fondamentale commise par la plupart d'entre nous. J'avais remis mon bonheur entre ses mains, mais en fait, je m'aperçois que je réussis à vivre sans lui, et à l'heure où j'écris j'ai l'intime conviction qu'un jour j'aimerai à nouveau, et forte de cette expérience, cette relation n'en sera que plus belle et plus épanouie. Là ça me vient du fond du cœur, et après bientôt neuf mois, c'est la première fois que je ressens cela de façon aussi intense .
Je confirme, l'écriture, le fait de tenir ce profil a une fonction carthatique pour moi.