- 30 mars 2015, 05:34
#1013904
Bonsoir le Forum,
En bref : un thread où vous pouvez découvrir ou faire découvrir certains poètes.
Je commence, avec Titos Patrikios : http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%ADtos_Patr%C3%ADkios
MA LANGUE
J’ai eu du mal à préserver ma langue
parmi celles qui viennent l’engloutir
mais c’est dans ma langue seule que j’ai toujours compté
par elle j’ai ramené le temps aux dimensions du corps
par elle j’ai multiplié jusqu’à l’infini le plaisir
par elle je me rappelle un enfant
et sur son crâne rasé la marque d’un caillou.
Je me suis efforcé de ne pas en perdre un mot
car tous me parlent dans cette langue---même les morts.
VILLE DE LA GRECE DU SUD
Cette ville m’a brisé, comme jadis
pouvait me briser une ville
avec ses casernes ses usines vides
ses murs noirs aux tessons coupants
ses rues étroites, sèches, sans arbres
avec ses femmes noiraudes, vaguement salées
vives, changeantes, œil de charbon
peau mate, et juste un peu suantes
comme il en convient aux amours passagères
dans l’ombre d’une plage écartée
pleine de pierres, de goudron, de ferraille, de ronces.
Cette ville me guérit par ses nuits
Les nuits de mon pays, inchangées.
LES ZEBRES
Lumière entre les lattes en bois
des persiennes mi-closes
à gauche sur la place de la gare
lumière qui tombait découpée en lanières
nous couvrant d'une peau de zèbre
et les deux zèbres luttaient dans la lumière et l'ombre
marqués de rayures blanches et noires en diagonale
par les phares des voitures
plongée blanche et noire dans ta chair.
Parfois je vois encore après tant d'années
des marques blanches et noires de zèbre sur ma peau
étant seul à l'hôtel dans une ville du bord de mer.
A vous...
En bref : un thread où vous pouvez découvrir ou faire découvrir certains poètes.
Je commence, avec Titos Patrikios : http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%ADtos_Patr%C3%ADkios
MA LANGUE
J’ai eu du mal à préserver ma langue
parmi celles qui viennent l’engloutir
mais c’est dans ma langue seule que j’ai toujours compté
par elle j’ai ramené le temps aux dimensions du corps
par elle j’ai multiplié jusqu’à l’infini le plaisir
par elle je me rappelle un enfant
et sur son crâne rasé la marque d’un caillou.
Je me suis efforcé de ne pas en perdre un mot
car tous me parlent dans cette langue---même les morts.
VILLE DE LA GRECE DU SUD
Cette ville m’a brisé, comme jadis
pouvait me briser une ville
avec ses casernes ses usines vides
ses murs noirs aux tessons coupants
ses rues étroites, sèches, sans arbres
avec ses femmes noiraudes, vaguement salées
vives, changeantes, œil de charbon
peau mate, et juste un peu suantes
comme il en convient aux amours passagères
dans l’ombre d’une plage écartée
pleine de pierres, de goudron, de ferraille, de ronces.
Cette ville me guérit par ses nuits
Les nuits de mon pays, inchangées.
LES ZEBRES
Lumière entre les lattes en bois
des persiennes mi-closes
à gauche sur la place de la gare
lumière qui tombait découpée en lanières
nous couvrant d'une peau de zèbre
et les deux zèbres luttaient dans la lumière et l'ombre
marqués de rayures blanches et noires en diagonale
par les phares des voitures
plongée blanche et noire dans ta chair.
Parfois je vois encore après tant d'années
des marques blanches et noires de zèbre sur ma peau
étant seul à l'hôtel dans une ville du bord de mer.
A vous...